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Les 10 ans du Printemps arabe

RÉTROSPECTIVE

10 ans. Dix ans de transition, dix ans de confusion, dix ans de répression, dix ans de guerre, dix ans de démocratie, dix ans de liberté, dix ans d’espoir. Dix ans qu’une immolation par le feu a redessiné les paysages du monde arabe sous le signe d’un seul mot : renouveau.

 

Sidi Bouzid, 17 décembre 2010. Mohamed Bouazizi, marchand de légumes ambulant, s’asperge d’essence et d’une allumette, s’enflamme, lorsque la police lui confisque de force sa charrette et sa balance. D’une allumette en signe de protestation devant le siège du gouvernorat, un peuple se soulève, des martyrs tombent, Ben Ali le dictateur s’enfuit, une confusion politique s’installe : en Tunisie d’abord, mais s’ensuive aussi l’Égypte, le Yémen, la Libye, le Bahreïn, la Syrie. Des soulèvements aux quatre coins de la région scandent « Dégage ! » par soif de libertés individuelles, soif d’équité sociale, soif de responsabilité politique, soif de dignité, soif de lutte, soif de renouveau.

 

Tous les pays d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient — à l’exception de la monarchie qatarie — voient leurs populations réclamer la chute des gouvernements autoritaires, des États policiers et des régimes oligarchiques : dix ans plus tard, c'est l’heure du bilan. L’Égypte est aujourd'hui un régime autoritaire où Abdel Fattah al-Sissi est le nouveau Hosni Moubarak, remercié le 11 février 2011. La Syrie, l’Irak, la Libye et le Yémen sont le théâtre d’horreurs où régimes dictatoriaux, organisations islamistes et minorités ethniques se font la guerre sur fond de mises à mort des populations et bombardements occidentaux. Le Maroc et la Jordanie contiennent les soulèvements populaires pour préserver les monarchies, tandis que l’Algérie et le Liban enchaînent les crises politiques. La Tunisie est largement enfin considérée comme « l’exception démocratique » du monde arabe, mais elle reste en proie à une police toute-puissante, à des inégalités économiques et sociales et la menace islamiste.

 

Mais il ne faut pas en oublier l’espoir, l’espoir comme dénominateur commun aux plusieurs centaines de millions d’individus qui habitent une région constamment en effervescence. Et l’espoir, celui de la liberté, de la dignité, celui d’un avenir nouveau, c'est le propre des artistes, le propre du cinéma. Le cinéma comme langage au service de populations que l’on a tenté de taire. Le cinéma qui revêt un devoir de mémoire, celle des martyrs des Révolutions, celle des bouleversements politiques et des bascules historiques. Le cinéma qui confronte par le son et associe par l’image les portraits et les paysages des pays et des sociétés de l’autre rive de la Méditerranée. Le cinéma comme fenêtre temporelle qui nous fait voir, nous fait entendre et nous fait sentir la rage, la détermination et l’espoir des peuples.

 

Nous avons à cœur, nous, une quarantaine d’étudiant.e.s en cinéma de Paul Valéry, de vous présenter une programmation rétrospective certes, mais cruellement toujours d’actualité, et de mettre sous les feux des projecteurs les cinéastes qui ont fait des Révolutions leurs puits d’inspiration et de création artistique. Nous ouvrirons sur les balles perdues de l’avenue Habib Bourguiba et nous fermerons sur les sourires confus des enfants ; nous visiterons la place Tahrir, nous discuterons libertés de conscience. Une programmation conçue avec passion pour le cinéma et en salut et hommage à des peuples assoiffés de liberté.

 

Nous vous souhaitons un agréable festival en contexte particulier,

Au nom de l’ensemble du comité de programmation,

Au nom de toute l’équipe de Ciném’Avenir.

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